Il faudrait quintupler a minima le rythme d’abattement des émissions anthropiques pour avoir une chance de stabiliser le réchauffement aux niveaux fixés par l’accord de Paris, indique un rapport onusien.
Les experts du climat n’arrêtent pas de relire les contributions nationales déterminées, ces esquisses de politiques climatiques nationales (NDC). Et en tirent à chaque fois des conclusions différentes. En septembre dernier, les analystes du secrétariat de la Convention cadre de l’ONU sur les changements climatiques (CCNUCC) avaient passé au crible ces fameuses NDC.
Verdict (attendu) de ce Global Stocktake : extrapolées, les promesses faites par les Etats nous mènent à un réchauffement global +2,6 °C à la fin du siècle. C’est mieux qu’avec les engagements pris en 2010 : +3,7°C à +4,8 °C.
Ce mardi 14 novembre, la CCNUCC a précisé sa critique. Dans un nouveau rapport, l’institution onusienne estime qu’en 2025, l’humanité émettra (hors puits de carbone) environ 53,2 milliards de tonnes de gaz à effet de serre (Ges) par an et 51,6 milliards en 2030.
Loin du compte
Dans deux ans, les émissions anthropiques auront progressé de 55,2% par rapport à 1990 (année de référence pour la comptabilité carbone internationale). Cinq ans plus tard, le chiffre est, très légèrement, moins inquiétant : +50,5% toujours par rapport à 1990. C’est toujours trop. Mais « c’est 4,7% de moins que les émissions estimées pour 2025. Ce qui laisse supposer que les émissions globales pourraient plafonner avant 2030. »
Cette relative bonne nouvelle ne doit pourtant pas nous faire oublier l’essentiel. Comme le rappelaient les auteurs du 6e rapport du Giec, pour avoir une bonne chance de stabiliser le réchauffement à +1,5 °C — le plus ambitieux des objectifs de l’accord de Paris — nous devons abattre de 43% nos émissions de Ges entre 2019 et 2030. Se contenter d’un réchauffement de +2 °C est moins exigeant : une baisse de 27% des rejets carbonés entre 2019 et 2030 suffira. Nous en sommes fort loin.
Si tous les engagements répertoriés dans toutes les NDC sont effectivement tenus : les émissions de Ges baisseront de 5,3% sur la période considérée. Une estimation que devront avoir en tête les négociateurs lors de la COP 28.