Sultan Al-Jaber estime qu’il n’est pas nécessaire de cesser de consommer des énergies fossiles pour stabiliser le réchauffement.
Le président de la COP 28 dévoile-t-il enfin son vrai visage ? Participant à une discussion en vidéo avec l’ancienne présidente de l’Irlande, le 21 novembre, Sultan Al-Jaber a tombé le masque[1].
Réagissant à une remarque de Mary Robinson estimant qu’il fallait arrêter de consommer des énergies fossiles, le président de la COP 28 n’a pas mâché ses mots : « je respecte la science, mais il n’existe aucune base scientifique ni aucun scénario pour affirmer qu’il faut sortir des énergies fossiles pour stabiliser le réchauffement à +1,5 °C », a-t-il asséné.
Réduire la consommation de 43 % d’ici à 2030
Dans son sixième rapport d’évaluation, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) rappelle pourtant que stabiliser le réchauffement à +1,5 °C nécessite de plafonner les émissions mondiales de gaz à effet de serre en 2025 au plus tard, en vue de les abattre de 43 % d’ici à 2030.
C’est peu de dire que la sortie du président de la COP agace les scientifiques. Dans une lettre ouverte, Jean-Yves van Ypersele, ancien vice-président du Giec, et Michael Mann, le créateur de la fameuse courbe des températures en forme de « crosse de hockey » rappellent que la stabilisation du réchauffement à +1,5°C passe non seulement par « beaucoup d’énergies renouvelables, mais aussi par la sortie des énergies fossiles et l’arrêt de la déforestation d’ici à 2050. »
Ce qui n’est pas du tout la vision du monde d’Adnoc. La compagnie pétrogazière émiratie entend accroître de 25 % sa capacité de production de brut d’ici à 2025. Sultan Al-Jaber, son patron, n’entend pas du tout se plier aux lois de la physique ou de la nature. Mais à celle du marché.
Lundi 4 décembre, Sultan Al-Jaber a tenté de réparer les pots cassés. Au cours d’une conférence de presse, le président de la COP 28 a indiqué que la stabilisation du réchauffement à +1,5 °C nécessitait d’abattre de 43% les émissions anthropiques de gaz à effet de serre entre 2019 et 2030. Sans toutefois préciser par quel moyen y parvenir.
Présent à ses côtés, Jim Skea lui a fait quelques suggestions. Le président du Giec a rappelé que la science était parfaitement claire. Que l’atteinte de la neutralité carbone imposait d’arrêter de consommer des énergies fossiles. Et que cela devait, par exemple, passer par une dimution de 60% de la consommation de pétrole et de 70% de la demande de gaz d’ici à 2050.
[1] La vidéo a été rendue publique, le 2 décembre, par The Guardian et le Centre for Climate Reporting.