L’agence internationale de l’énergie a évalué l’impact climatique des premiers engagements pris par les États et les compagnies pétrolières.
Malgré la chaleur et la sécheresse de Dubaï, il pleut des engagements de décarbonation comme à Gravelotte. Le 2 décembre, 118 pays ont indiqué vouloir tripler la capacité de production de toutes les énergies renouvelables (biomasse comprise donc) et doubler le rythme d’amélioration de l’efficacité énergétique d’ici à 2030.
Trois jours plus tard, cinquante compagnies pétrogazières ont promis d’abattre significativement leurs émissions de méthane ; gaz à effet de serre 80 fois plus puissant (sur vingt ans !) que le CO2. Objectif : la neutralité méthane à l’horizon de 2030. Plus difficile, la neutralité carbone est repoussée à 2050.
Un problème de périmètre …
Alors que débute la dernière session de négociations, l’agence internationale de l’énergie (AIE) a évalué l’impact climatique de ces engagements. Publiée ce dimanche 10 décembre, sa note souligne que les pays prêts à rehausser la production d’énergie renouvelable et à améliorer notre efficacité énergétique ne sont pas l’Humanité
Ensemble, ils représentent 40 % des émissions mondiales de CO2 énergétique, 37 % de la demande en énergie et produisent la moitié de la richesse. De leur côté, les cinquante compagnies pétrogazières « proactives » mettent sur le marché 35 % des hydrocarbures consommés.
On peut donc craindre que ces promesses – pour autant qu’elles soient tenues dans la durée — n’aient que des effets modestes sur les trajectoires d’émissions. A l’horizon de 2030, elles pourraient éviter la mise à l’atmosphère de 3 milliards de tonnes équivalent CO2 par an. Soit environ 8 % d’émissions carbonées énergétiques en moins par rapport à 2022. « C’est bien, mais ça n’est pas assez bien », a jugé Fatih Birol, directeur exécutif de l’agence basée à Paris.
… et de rythme
De fait, cela représente un tiers des efforts que devrait produire le secteur des hydrocarbures, durant cette décennie, pour espérer placer le monde sur une trajectoire compatible avec la stabilisation du réchauffement à +1,5 °C.
Il y a quelques semaines, l’AIE rappelait que nous devons, collectivement, baisser d’un quart notre consommation d’énergies fossiles d’ici la fin de la décennie pour nous conformer au plus ambitieux des objectifs fixés par l’accord de Paris.
« Pour espérer atteindre la neutralité carbone, nous devons réduire les émissions de gaz à effet de serre de 5 % par an. Or, les engagements pris, pour le moment, à Dubaï laissent de gros trous dans la raquette. Nous n’avons aucun engagement pour le CO2. Quant au méthane, il ne concerne que le fossile », rappelle le climatologue Pierre Friedlingstein (université d’Exeter) et auteur principal du Global Carbon Projet.
Or, le méthane fossile représente environ 60 % des rejets méthaniques dans l’atmosphère. Le solde étant apporté par l’élevage, la riziculture, la gestion des déchets, les feux de biomasse.