Adaptation, COP

S’adapter ma non troppo

Par Valéry Laramée de Tannenberg

Longtemps parent pauvre des négociations sur le climat, l’adaptation est de retour. La COP 28 devrait produire un objectif mondial en la matière. Les premières esquisses laissent pourtant sur sa faim. Revue de détails.

C’est le second pilier des discussions en cours à Dubaï : l’adaptation. Il ne s’agit pas, cette fois-ci, d’inciter les États à fixer un montant de subvention. Plus globalement, la COP 28 devra « accoucher » d’un objectif mondial en matière d’adaptation. En jargon onusien, on parle de Global Goal on Adaptation ou GGA.

Proposé dès 2013 par le groupe des États africains, le GGA n’a connu sa première traduction que dans l’accord de Paris (en son article 7). Pour autant, il n’a pas connu le début d’une mis en œuvre avant la COP 27 ; laquelle a prévu que cet objectif soit finalement fixé à l’issue de la COP … 28. Nous y sommes.

Objectifs et lignes directrices

Concrètement, il s’agit d’harmoniser les politiques publiques en la matière, comme pourrait le faire le Global Stocktake pour l’atténuation. « Cela signifie fixer des objectifs et des lignes directrices spécifiques et mesurables pour l’action mondiale d’adaptation, ainsi que renforcer le financement de l’adaptation et le soutien aux pays en développement », rappelle-t-on au World Resources Institute (WRI), un think tank américain.

Le projet de texte publié le 5 décembre n’est sans doute pas à la hauteur de cette ambition. Sur 10 petites pages, il rappelle quelques objectifs consensuels : obligation d’évaluation des risques climatiques, éviter la maladaptation, sécuriser l’alimentation en eau potable, rendre résilients les systèmes agro-alimentaires, s’assurer que 30 % des écosystèmes soient préservés, etc. « On commence à voir se dessiner une liste d’objectifs d’adaptation relativement cohérente », constate Lola Vallejo, directrice du programme climat de l’Institut du développement durable et des relations internationales (IDDRI).

Pas de PNACC dans les trois quarts des pays

 « En attendant, seuls cinquante pays disposent d’une politique nationale en matière d’adaptation », répond, Simon Stiell, le secrétaire exécutif de la convention-climat. Cela pourrait néanmoins évoluer. Les États pourraient devoir évaluer les risques climatiques pesant sur leurs administrés d’ici à 2025. Ceci en vue de les intégrer à leur plan national d’adaptation. Étant entendu que tous les pays signataires de la convention devront publier le leur d’ici à 2030. D’ici là, le sujet devra être intégré dans les prochaines moutures des contributions nationales volontaires (NDC), prévues pour 2025.

Les choses se corsent lorsque l’on commence à parler d’argent. Certes, le draft évoque la nécessité pour les pays développés de doubler le montant de l’aide dédiée à l’adaptation d’ici à 2025. Un paragraphe qui n’a pas été avalisé par tous les négociateurs. Autre idée très discutée : la demande faite aux pays les plus riches de fixer sur le long terme les montants qui seraient distribués. Ce qui permettrait aux États bénéficiaires de l’aide de mettre en application leur plan national avec une plus grande efficacité.

Toujours pas décidé officiellement : la décision selon laquelle les États les plus développés alloueront 400 milliards de dollars par an afin de financer le développement et le transfert de technologies, le renforcement des capacités pour minorer le risque climatique. Tout va mieux, en revanche, lorsque l’on commande un nouveau rapport au Giec. Il pourrait être consacré aux lacunes en matière de capacités, les défis et les besoins liés à l’adaptation dans les pays en développement. Il est vrai que les auteurs du Giec ont désormais du temps libre.

Envoyé spécial à Dubaï

Laisser un commentaire

Vous pourriez également être intéressé par


À propos de l'auteur


Photo of author

Valéry Laramée de Tannenberg

Rédacteur en chef de L'Usine à Ges, Valéry commente les COP depuis 1997. Il a "climatisé" les journaux qui l’ont vu passer : Jeune Afrique, Environnement Magazine, Enerpresse, Journal de l’Environnement. Il est l’auteur de 4 ouvrages sur le climat. Dernier paru : Agir pour le climat, entre éthique et profit (Buchet-Chastel).